Les racines du blues américain avec des sonorités enracinées dans le terroir auvergnat Une musique qui relie les volcans de l’Auvergne aux bayous de la Louisiane…
La clôture de cette deuxième soirée était assurée par Muddy Gurdy, sans le regretté Marc Glomeau, directeur musical de ce trio atypique qui a produit deux remarquables albums (…) Toujours accompagnée par Gilles Chabenat à la vielle à roue, Tia Gouttebel se lance dans ce concert qui est en fait le premier depuis le décès de son compagnon (…).
Pour le programmateur du festival, Ondrej Bezr, le meilleur groupe était le groupe français, Muddy Gurdy.
« Je pense que c’est le seul groupe au monde qui joue le blues avec une vielle, ce qui n’est pas seulement une rareté, mais une chose très fonctionnelle. Cela donne à leurs arrangements une profondeur, presque une obscurité païenne. J’aime le chevauchement, la prise non conventionnelle de la musique blues. J’essaie toujours d’inclure des groupes qui transcendent, parfois même bouleversent, le blues strict. Je ne considère pas le blues comme une pièce de musée, c’est une musique vivante avec laquelle on peut faire beaucoup de choses « , remarque Ondřej Bezr.
Homecoming est une réflexion sur le croisement des racines rurales du Blues avec celles des musiques traditionnelles de nos campagnes d’Auvergne » (Muddy Gurdy). Sans approfondir, on pourrait penser que ce projet est une xième manière de « s’approprier » le Blues pour y mettre sa touche personnelle ? La démarche de Muddy Gurdy est évidemment toute autre : à la fois intelligente, originale et profondément humaniste.
Rien que cette invocation donne la chair de poule : Seigneur, aide les pauvres et les opprimés ! Ce qui commence comme un gospel se poursuit par un tourne-disque qui tourne de manière hypnotique, une batterie entraînante et une guitare à la réverbération sombre et au feeling sixties. Muddy Gurdy fait revivre le blues sous un autre angle. Ils l’associent à des mélodies populaires traditionnelles de l’Auvergne, à des sons de transe traînante comme on en trouve en Afrique du Nord et à la musique cajun ou country. Ce que le percussionniste Marc Glomeau, Tia Gouttebel (chant et guitare) et le joueur de Vielle à roue Gilles Chabenat fusionnent là, trouve un écho puissant. Surtout en Amérique. Là-bas, les Français se sont déjà aventurés à la source du blues rural. Ils ont joué dans le Mississippi Hill County avec les descendants de célèbres musiciens du Delta comme R.L. Burnside ou Otha Turner. Les fameuses sessions ont été nominées pour les Grammy Awards et les Blues Music Awards. Pourquoi, on le comprend une fois de plus en écoutant « Homecoming » (Chantilly Negra/Broken Silence), leur troisième album. Hypnotique, fait main et bouillonnant.
Un trio de musiciens qui, selon toutes les règles, n’auraient pas dû se rencontrer du tout et encore moins trouver un terrain d’entente. Et pourtant, ils l’ont fait. Déjà dans la première moitié de la dernière décennie, un bluesman convaincu, brillant guitariste et chanteur captivant, Tia Gouttebel, un expert en musique traditionnelle française et virtuose de l’instrument à cordes ninura (ou vielle à roue) Gilles Chabenat et un batteur, jusqu’alors concentré sur les rythmes latino-américains, travaillant dans plusieurs groupes de jazz afro-cubain Marc Glomeau, ont commencé à expérimenter ensemble. Ils se sont donnés le nom de Hypnotic Wheels, ont fait un album plus ou moins « pour eux et leurs amis », mais on sent déjà que quelque chose d’inédit est en train de naître ici. En 2017, ils ont effectué un « pèlerinage initiatique » dans la région du Haut-Mississippi, à peu près le seul endroit sur terre où le blues vit encore sous la forme d’un folklore vivant transmis de génération en génération, sous la forme de ce qu’on appelle le hill country blues. Ses plus célèbres représentants étaient Junior Kimbrough et RL Burnside, aujourd’hui décédés, qui ont laissé une descendance nombreuse et musicalement active. C’est dans cet environnement que le trio Hypnotic Wheels, avec l’aide de musiciens locaux, a enregistré son premier album officiel, déjà présenté sous le nouveau nom de Muddy Gurdy. Il parvient à combiner parfaitement la sensibilité afro-américaine de l’essence hypnotique du blues avec le son d’un instrument qui semble avoir toujours appartenu au blues, même si la ninera est un instrument traditionnel européen et que son histoire dans la région française est plus que millénaire.
Retour au pays Le deuxième album de Muddy Gurdy, actuellement en cours, s’intitule Homecoming, ou retour au pays, et c’est exactement ce qu’il symbolise aussi à plusieurs niveaux. Tout d’abord, ils ont enregistrés en France, non pas dans un studio confortable, mais dans une série d’endroits souvent étranges de leur région natale, l’Auvergne – des chapelles locales, des granges, et même au fond du cratère d’un ancien volcan. Et ce n’est pas tout : Ils collaborent également avec des musiciens folkloriques locaux, qui ont compris que les racines de la musique sont toujours les mêmes, qu’il ne s’agit que du langage (au sens propre comme au sens figuré) qu’ils utilisent pour se présenter. Ainsi, dans le classique du blues Down In Mississippi, le cornemuseux local Louis Jacques joue aux côtés des membres de Muddy Gurdy, ajoutant une autre dimension au son, mais aussi à la nature hypnotique de la chanson, dans laquelle la guitare semble avoir été découpée dans un manuel imaginaire de « How to play hill country blues ». Mais il ne s’agit pas d’une recherche superficielle d’exotisme ou d’une simple modification de l’arrangement. Il s’agit de trouver des points de contact entre des genres musicaux qui ne se sont jamais rencontrés auparavant. Et découvrir qu’ils peuvent vraiment s’enrichir mutuellement. Il en va de même pour l’engagement de l’harmoniciste Guillaume Vargoz, qui, tout en épaississant le son de MG’s Boogie à la Hooker, joue d’une manière complètement différente de ce que l’on a pu entendre des joueurs afro-américains. Et peut-être le « crossover local » le plus radical se produit-il lorsque le groupe est rejoint par Maxence Latrémoliere, un chanteur orienté vers un chant folklorique appelé briolage, utilisé par les agriculteurs ruraux au 18e siècle pour le labour. Son entrée sur Land’s Song et Afro Briolage renforce le sentiment d’une sorte de connexion presque païenne et profonde (et opportunément sombre) de pays et de continents par un seul nerf. Mais l’ensemble de l’album est inhabituellement fort, avec de nombreuses chansons de blues célèbres, mais dans des arrangements que nos oreilles n’ont jamais entendus auparavant. Sans exagération.
Un mélange de chanson française et de blues venant d’Auvergne. Ce que Tia Gouttebel et son groupe produisent sur « Homecoming » est à la fois surprenant et rafraîchissant. L’album commence et se termine avec une reprise de l’inégalable Jessie Mae Hemphill, dans laquelle Gouttebel se rapproche de la voix de la chanteuse américaine. Cependant, au lieu de rester proche de l’original sobre, ce classique est dynamisé par une vielle. Sous l’impulsion des percussions et de la guitare électrique, il ne reste presque plus rien de l’atmosphère ringarde que l’on attribue aux instruments folkloriques. « Down In Mississippi » de JB Lenoir voyage au Massif Central avec une cornemuse plaintive. La reprise de « Another Man Done Gone » de Vera Hall est tout aussi audacieuse, dans une ambiance un peu dark et « Strange Fruit » est aussi une chanson très captivante. Mais Muddy Gurdy est le plus convaincant avec ses propres compositions, Gouttebel aurait pu en écrire plus que quatre. « Black Madonna » est un agréable negro-spiritual et « MG’s Boogie » ressemble à un John Lee Hooker rudimentaire, avec l’harmonica et la vielle générant ensemble un son unique, comme si cette combinaison était évidente. Deux titres sortent du lot : le work-song « Land’s Song », qui se transforme petit à petit en un chant français un peu cérémoniel, et « Afro Briolage », un mélange d’afrobeat et de folklore français, extrêmement hypnotique. Dans ces deux compositions originales, Maxence Latrémolière, joue un rôle de premier plan avec ses chants dit briolages. Des perles, à découvrir. D’ailleurs, laissez-les monter sur scène cet hiver…
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